INdiGO s’intéresse au recyclage des filets de pêche usagés
Dans le cadre du projet de coopération INdIGO, une délégation franco-anglaise a visité l’ESAT de Plourivo, près de Paimpol, afin d’étudier la filière expérimentale de recyclage des filets de pêche usagés.
Entre 5 et 13 millions de tonnes de matières plastiques se perdent dans les océans chaque année. Les engins de pêche (filets, casiers…) représentent 27% de ces déchets marins. Ils sont à l’origine de ce qu’on appelle la pêche fantôme et ont un impact particulièrement néfaste sur les animaux marins.
Pour faire face à ce phénomène, le projet franco-anglais INdIGO a vu le jour début 2020 avec l’objectif de créer de nouveaux filets biodégradables, de favoriser leur adoption par les professionnels et d’améliorer la prévention et la gestion des pollutions générées par les engins. Trois ans plus tard, « la conception de filets de pêche biodégradable est très compliquée. Il y a eu des essais, mais rien de vraiment fonctionnel, indique Laurence Hégron-Macé, responsable du pôle pêche au sein du SMEL (Synergie Mer et Littoral) basé dans la Manche. Les filets sont souvent composés de plusieurs couches de plastiques comme le polyéthylène, les polyamides. De plus, ces déchets sont souvent souillés par le sel, des algues, des coquillages, qui compliquent le recyclage. »
Biologistes, océanographes et techniciens s’intéressent donc à toute initiative ou démarche favorisant le recyclage des filets de pêche, comme c’est le cas à Paimpol où Lannion Trégor Communauté, Guingamp-Paimpol Agglomération, la Chambre de commerce et d’industrie (CCI), Fil & Fab, Nanovia, la Coopérative de Paimpol et le site esatco à Plourivo œuvrent pour proposer un service de démantèlement des filets usagés qui sont récupérés dans les ports de Paimpol, Perros-Guirec, Ploubazlanec, Trébeurden et Trédrez-Locquémeau. Ces filets sont ensuite broyés et transformés en filaments d’imprimante 3D.
Sensibiliser et impliquer les pêcheurs
Pour l’heure, les débuts sont timides. Peu de marins-pêcheurs ont livré des big-bag remplis de filets à l’ESAT de l’Adapei-Nouelles Côtes d’Armor. « Ce qui bloque, c’est le prix, reconnaît Yannick Hémeury. Pour 50 mètres de filet, cela coûte 16,75 €. On doit faire beaucoup de pédagogie pour que les pêcheurs aient conscience que ces pratiques sont prisées par les consommateurs. »
Pour Laurence Hégron-Macé, la profession doit y trouver son compte d’autant que le recyclage deviendra obligatoire en 2025. « Les consommateurs sont très sensibles à une pêche et une production plus vertueuses. »